• Mes élèves ont un bagage lexical absolument catastrophique, des mots comme mincir ou jaunir leur pose problème.  Dans un article précédent, je présentais mon bocal à mots (), mais j'avoue que c'est trop léger vu le déficit lexical de mes zozos. 

    Le souci se pose sur plusieurs niveaux : 

    - une méconnaissance total du mot, 

    - l'incapacité de déduire le sens à partir du contexte, quand ils ne comprennent pas un mot, ils n'en tiennent juste pas compte et saute la phrase.

    - de grosses difficultés concernant la reconnaissance des familles de mots, avec une méconnaissance assez totale des affixes. Par exemple dans "jaunir", plus de la moitié de mes élèves n'ont pas fait le lien avec "jaune". 

    J'ai donc mis en place deux choses :

    - un entraînement morphologique intense.

    - un mur de mots.

    Ça prend pas mal de temps en classe (et de place aussi), mais sans ce travail, les élèves  sont face à gouffre d'ignorance qui les prive de sens en lecture. 

     

    1- Entraînement morphologique

    J'utilise cette méthode : 

    Un mot, deux mots, trois mots, plein de mots en plus

    Techniquement, il s'agit d'une outil pour rééducation destiné aux orthophonistes, mais bon, quand en CM2 ils ne sont pas capables de faire le lien entre jaune et jaunir, je juge que le souci est profond et ce ne sont pas avec les quelques exercices que l'on a dans un manuel de français de cycle 3 que je vais pouvoir faire un truc sérieux et efficace. 

    Présentation du livre

    Extrait du livre

    Cette méthode est destinée aux enfants et adolescents souffrants de dyslexie et de dysorthographie dans un protocole de rééducation de l'orthographe lexicale. ( Un article très intéressant sur le sujet : Rééducation de l'orthographe lexicale : un protocole d'entraînement basé sur la morphologie dérivationnelle. )

     J'ai découvert cette méthode car une bonne partie de mes élèves a une orthographe absolument affreuse. (Vous imaginez bien que si mes élèves ne font pas le lien entre jaune et jaunir, ils sont capables d'écrire "jonir" ou "jonnire", hein, sans que ça les gêne le moins du monde.)

    La méthode est simple et clé en main.  Je leur fais faire sur l'ardoise, par séance de 15~20 min aussi souvent que possible. (Idéalement ce serait tous les jours mais, bon, je n'ai pas que ça à faire, alors souvent ce n'est que deux fois par semaine.)

    Je fais aussi des concours de vocabulaire : je leur donne une liste de suffixes, de radicaux ou de préfixes, et ils ont une semaine pour trouver un maximum de mots qui les contiennent. Les 5 élèves qui ont le plus de mots correctement écrits gagnent une babiole (des trucs de pêche à la ligne, des droits en classe...)

    Pour le moment j'ai juste fait les suffixes, mais je dois avouer que mes élèves font beaucoup moins d'erreur sur la fin des mots et commencent à être capable de voir le radical dans un mot. 

     

    2- Le mur de mots

    Je travaille à partir de : 

    Un mot, deux mots, trois mots, plein de mots en plus

    extrait du livre

    Livres diffusés en France par Pirouette éditions : tome 1, tome 2. (Ils ne sont pas disponibles ailleurs.)

    Le principe est de collecter des mots, de les classer sur un affichage (le fameux mur) et ensuite de faire plein d'activités ludiques pour les faire mémoriser. 

    Il existe divers types de murs de mots, selon l'âge des élèves et ce que l'on veut en faire, tout est dans le livre. 

    Dans ma classe le travail se divise en plusieurs étapes : 

    - récolte, 

    - étude et tri, 

    - entraînement,

    - évaluation.

    Le mur de mots doit être régulièrement vidé et remis à zéro, car c'est lassant de travailler toujours sur les mêmes mots, et puis on finit par manquer de place.

    A) La récolte

    Un mot, deux mots, trois mots, plein de mots en plus

    Sur un coin de mon tableau, j'accroche les mots récoltés dans la semaine. Il y a :

    - 4~5 mots par jour tirés du texte de lecture du jour. Je choisis moi-même ces mots pour prendre des mots assez courants. (car le élèves ont le chic pour  choisir des mots hyper rares, et donc ces mots ne leur servent à rien.)

    - les mots que les élèves ne comprennent pas dans les exercices de français, de maths, d'histoire des arts.... Quand ils ne comprennent pas un mot, ils me le demandent, j'explique et ils le notent sur le tableau à la craie. Pendant la pause méridienne je crée les étiquettes et efface les mots écrits à la craie.

    Tous les mots sont expliqués au fur et a mesure. Je prends garde aussi qu'il y ait des noms communs, des verbes, des adverbes et des adjectifs, si on ne fait pas attention, on n'a quasiment que des noms communs et quelques adjectifs qualificatifs.

    Les étiquettes sont en Arial 80 points. C'est la police la plus petite pour que l'étiquette soit toujours lisible où que l'on soit dans la classe.

     

    B) Etude et tri

    Une fois par semaine on se penche sur cette récolte pour étudier les mots et les trier.

    Pour cela j'ai plusieurs stratégies : 

    -Par groupe, ils tirent au sort quelques mots et doivent chercher les définitions dans le dictionnaire. On met en commun et on copie la liste de mots avec les définitions dans le cahier de vocabulaire.

    -Je leur donne les définitions et une liste de phrases où les mots sont utilisés. Ils doivent alors, en s'aidant des exemples, replacer les mots avec la bonne définition. A la fin on corrige et on met dans le cahier de vocabulaire.

    -Je leur donne directement la liste des mots avec leur définition que les élèves collent dans leur cahier de vocabulaire. Ils ont ensuite des phrases à trou qu'il faut compléter avec les mots de la liste. 

    A la fin de l'activité, on trie les mots par nature pour les mettre sur le mur. 

    Un mot, deux mots, trois mots, plein de mots en plus

    Sur mon mur, les mots sont classées par nature et non dans l'ordre alphabétique. En CM2, mes zozos ont un grand besoin de grammaire....

    J'ai aussi des affiches sur les déterminants, les pronoms.... que l'on complète au fil des leçons. 

    C) L'entraînement

    En autonomie ils ont des mots croisés et des mots mêlés à partir des mots du mur.

    générateur de mots mêlés

    générateur de mots croisés

    Quand je prépare des exos ou des exemples en français, ou en maths, je tente de mettre un maximum de mots du mur. Je m'emploie à utiliser quand je parle un maximum de mots du mur (et les élèves, par mimétisme, font pareil).

    Les mots de mon bocal de mots viennent du mur, et donc, tous les matins, les élèves doivent écrire une phrase avec un mot du mur.

    Le livre sur les murs de mots contient plein d'activités ludiques pour entraîner les élèves et faire en sorte qu'ils retiennent les mots. Mes élèves sont fans de ces petits jeux et les réclament.

    Par exemple : 

    Le basket des mots.

    Les élèves sont par équipes et jouent à tour de rôle en envoyant un joueur devant le panier (j'utilise une balle de tennis et une corbeille à papier). Le joueur doit répondre correctement à une question portant sur les mots du murs (Par exemple : épelle le mot..., donne un mot commençant par... , donne un synonyme de..., donne un mot de la famille de...)

    Si l'élève répond correctement, il a droit de lancer la balle, s'il met la balle dans le panier, son équipe marque un point. S'il ne répond pas ou se trompe, la balle va à l'autre équipe qui doit répondre à la même question.

     

    La balle brûlante

    J'ai un minuteur dont je règle la sonnerie sans donner aux élèves le temps que j'ai mis. Je lance un ballon de baudruche, celui qui reçoit le ballon doit répéter et épeler  le mot que je donne (ou répondre à une question) pour avoir le droit de relancer le ballon. L'élève qui a le ballon quand le minuteur sonne est éliminé. 

     

    Bref ça bouge alors ça plaît aux élèves.

     

    D) L'évaluation

     Je donne une liste de mot du mur et les élèves doivent écrire une phrase.

    Ou alors je donne des phrases à trou qu'ils doivent compléter sans avoir accès au mur...

     

    __________________________________

    Voili voilou, je me bats contre l'inculture de mes élèves et tente de leur donner des mots.

     

     

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  • Car mon IEN nous rabâche qu'il faut être innovant et pratiquer des pédagogies alternatives pour sauver nos élèves de l'échec scolaire, j'ai tant bien que mal fini par y mettre le nez. Les pédagogies alternatives les plus connues sont : Les méthodes Freinet, la pédagogie Montessori, La pédagogie Decroly et la pédagogie Waldorf-Steiner.

    Je me suis plus particulièrement penchée sur la pédagogie Montessori et sur la pédagogie Waldorf-Steiner. Je ne vous fais pas d'article sur Montessori, d'autres l'ont fait bien mieux que moi et on trouve énormément de ressources en ligne. Google est votre ami. ^^

    Par contre, pour la pédagogie Waldorf, on trouve difficilement des sources et des infos (surtout en français), les écoles Waldorf-Steiner ayant une sorte de culte du secret... donc un petit article pour pour présenter le résultat de mes recherches et mon opinion dessus. 

     

    1- La libre école Waldorf

    La pédagogie Waldorf fut créée par Rudolf Steiner et la première école fut fondée en 1919 pour les enfants des ouvriers de l'usine de cigarette Waldorf-Astoria de Stuttgart pour appliquer les idées de la philosophie Anthroposophique et créer l'"homme nouveau". Cette école fut baptisée "La libre école Waldorf".

    Rudolf Steiner n'était pas un pédagogue mais le créateur de l'anthroposophie. (L'anthroposophie sur Wikipédia). L'Anthroposophie est en France régulièrement accusée de dérive sectaire et d'être une secte. Cette pédagogie n'est là que pour appliquer sa conception de l'éducation et du développement humain, bref pour appliquer l'anthroposophie aux enfants. Les écoles Waldorf se défendent à corps et à cris à ce propos en disant que non non non, il y'a a pas d'anthroposophie dans leurs écoles. Cependant, les enseignants reçoivent une solide formation à l'anthroposophie, les (rares) livres  de pédagogie qui leurs sont destinées sont plein de références anthroposophiques, les leçons et l'organisation de la vie de l'école sont construites selon une conception anthroposophique du monde, les élèves font de l'eurythmie (sorte de yoga anthroposophique)...

    Donc bon, certes les élèves n'ont pas ouvertement de catéchisme anthroposophique en classe, mais tout dans l'école est à la sauce anthroposophique... Chacun en fera les déductions qui lui chantent.

     

    2- Le cursus Waldorf

    La scolarité est divisée en plusieurs cycles.

    a) Le jardin d'enfants

    Le jardin d'enfants accueille les enfants jusqu'à  7 ans. Aucun apprentissage scolaire n'y a lieu. En effet, avant 7 ans (avant la chute des dents de lait et l'arrivée des dents d'adulte), l'anthroposophie considère que l'enfant n'a pas d'âme et ne peut donc rien apprendre. Il est tout entier accaparé par la croissance de ses organes.

    Les éducateurs (jardinières ou jardiniers d'enfants) organisent le temps scolaire entre jeux libres (avec des jeux/jouets en matériaux naturels) et les activités dirigées (aquarelle sur papier mouillé, dessin avec des blocs de cire d'abeille colorée, modelage de cire d'abeille). Ils organisent aussi des nombreuses rondes, racontent quotidiennement contes et légendes.

    Les jours de la semaine sont très ritualisés, à chaque jour correspond une activité dirigée (il y a le jour du dessin, le jour de l'aquarelle, le jour du modelage...), chaque jour il y a les paroles à réciter en début de classe (parole est un mot utilisé dans les écoles Waldorf pour ne pas dire prière) et racontage de contes et légendes, une fois par semaine il y a eurythmie... tout le reste du temps est consacré aux jeux libres.

     

    b) Le premier cycle

    Le premier cycle accueille les enfants de 7 à 14 ans. (7 ans : arrivée des dents d'adulte signe de l'apparition du corps éthérique dans le corps de l'enfant et 14 ans date de la puberté et de l'apparition du corps astral)

    Les élèves gardent le même professeur de classe (instit) pendant tout le cycle.  

    Les 2/3 du temps scolaire sont dédiés aux arts et aux travaux manuels. Les matières scolaires ne sont pas réparties sur la semaine comme dans une école standard mais regroupées par période de deux ou trois semaines. C'est à dire que tous les matins pendant deux ou trois semaines, par créneaux d'une heure et demi à deux heures consécutives, les élèves vont faire soit français, soit maths, soit géo, soit histoire, soit sciences. Donc les semaines où on fait maths, on ne fait ni français, ni sciences, ni....

    Ce travail est consigné dans un cahier de période illustré et écrit par les élèves à partir du modèle donné par l'enseignant.

    On étudie de manière approfondie les mythes et légendes. Une fois par semaine on fait de l'eurythmie. On récite paroles et versets quotidiennement. Une part importante du temps scolaire est dédiée aux fêtes et à leur préparation.

     

    Un document qui donne un aperçu de la répartition des enseignements ("programmes") en Pédagogie Waldorf-Steiner : 

    Plan scolaire en pédagogie Waldorf-Steiner

     

    c) Le deuxième cycle

    De 14 à 18 ans, jusqu'à la 12e classe (équivalent de la classe de première). L'organisation est grosso modo la même que pour le premier cycle. 

     

    3- Waldorf, et alors?

    Quand on s'attarde un peu plus sur les contenus, on se rend vite compte que c'est très religieux : prières récitées en choeur tous les matins, versets à apprendre par coeur pour s'améliorer, eurythmie, textes parlant du Seigneur et des Saints, apprentissage de l'écriture en copiant des passages de ma Bible, prière du soir avant de quitter la classe, enseignement des mythes comme s'ils s'agissaient de vérité historique... Sans compter que tous les contenus sont fortement influencés par l'anthroposophie.... Pour une maîtresse patate comme moi très attachée à la laïcité, ça me fait franchement tiquer.

    Une pédagogie alternative : la pédagogie Waldorf

    Paroles du matin récitée en choeur par les élèves.

    Quand on gratte un peu, on se rend compte aussi qu'il n'y a que peu de relation à l'écrit, les élèves n'ayant pas accès aux livres avant la 2 ou 3e année de premier cycle, et encore sont-ils drastiquement sélectionnés (imaginez une école standard où les élèves ne verraient pas un livre avant le CE2, et encore uniquement des albums du Père-castor...)

    L'enseignant est le seul détenteur du savoir (vu l'absence d'écrits), absolument tout va passer par lui, sa parole fait force de vérité.  D'ailleurs, quasiment tout passant par l'oral, l'enseignant peut bien raconter ce qu'il veut, il n'y aura pas de trace (avec les dérives que cela peut avoir dans une école régulièrement accusée de dérive sectaire). La relation enseignant/élève est basé sur l'affectif, à la limite du prof papa/maman, du prof copain et du gourou... cette relation ne s'arrête pas à la porte de l'école, l'enseignant va aussi dans les familles, entre dans leur intimité.  Le lien enseignant/élève est d'autant plus fort qu'un élève garde le même enseignant pendant 7 ans. 

    Le dessin et l'image ont une place très importante dans la pédagogie Waldorf. On fait beaucoup dessiner et colorier les élèves (mais uniquement avec des pastels en cire d'abeille ou de l'aquarelle sur papier mouillé), et l'enseignant réalise au tableau de véritables oeuvres d'art à la craie. (pleins d'exemples de dessins à la craie)

    Une pédagogie alternative : la pédagogie Waldorf

    (J'avoue, je trouve que c'est vraiment la grande classe ces tableaux.)

    Les cahiers de périodes (main lesson books) obtenus sont magnifiques et très colorés. Par exemple : 

    Une pédagogie alternative : la pédagogie Waldorf

    (d'autres exemples via google)

    Et là aussi c'est quand même trop la classe (surtout quand je vois les torchons que me font parfois mes élèves).

    Mais si on observe un grand nombre de ces cahiers de période on remarque que : 

    - quelle que soit l'école, pour un niveau et une leçon donnée le texte est très similaire, il s'agit donc du recopiage du modèle du maître, modèle qui est le même dans toutes les écoles Waldorf.

    - qu'ils ne contiennent que trèèèèèèèèèès peu d'exercices.

    - que ça doit prendre à temps fou à faire (d'ailleurs, les élèves fabriquent parfois eux-même le cahier).

    Bref, c'est joli, ça en met plein la vue aux parents, mais l'intérêt pour l'apprentissage est très limité, non? 

    Et c'est là qu'on arrive au coeur du sujet : l'enseignement à proprement parlé.

    L'art, les travaux manuels, les mythes, les paroles/versets, l'eurythmie, les fêtes prennent la majeur partie du temps scolaire. Les apprentissages scolaires n'occupent que deux heures par jour, auxquelles s'ajoutent trois heures de langue vivante dans la semaine.

    Les enseignements scolaires sont regroupés par période, c'est à dire que durant deux ou trois semaines, ces deux heures quotidiennes sont dédiées à une seule matière, soit français, soit maths, soit sciences, soit histoire, soit géographie.

    Après calcul, cela fait en gros sur une année scolaire 150 h de français, 150h de maths, ce qui est fort peu. (Dans une école standard on fait 360h de français et 180h de maths par an en CP/CE1, et 288h de français et 180h de maths par an en CE2/CM1/CM2.) 

    Donc il y a peu de temps consacrer aux apprentissages scolaires, peu/pas d'exercices ni de travail personnel, beaucoup de copie de texte donné tout fait par l'enseignant d'après des modèles fournis par le réseau des écoles Waldorf. Mais l'apprentissage n'est pas le but du premier cycle, on y fonctionne par imprégnation et imitation, on est là pour créer des images mentales qui seront activées ensuite. Bref il n'y a pas d'exigence en terme de connaissance ou de travail pour les élèves. Il n'y a pas de redoublement dans les écoles Waldorf, car on se contrefiche un peu du niveau scolaire des élèves en fait. On n'est pas là pour apprendre quelque chose, on est là pour former l'homme nouveau, heureux (et ignorant ?).

    Autre chose à faire remarquer par rapport au travail en classe des élèves, malgré le fait qu'elle soit rangée avec les pédagogies dites actives, la pédagogie Waldorf n'en est pas une. Les élèves y font tous la même chose en même temps en imitant servilement le modèle de l'enseignant. L'activité dont on parle dans ces écoles est de sauter en l'air et de frapper dans les mains pour apprendre les tables de multiplication, de faire du modelage, du tricot, de la couture... Il suffit de voir des photos d'une salle de classe Waldorf :

    Une pédagogie alternative : la pédagogie Waldorf 

    Une pédagogie alternative : la pédagogie Waldorf

    Une pédagogie alternative : la pédagogie Waldorf

    Placement des élèves à des tables individuelles face au tableau, enseignant  qui fait un cours magistral, productions d'élèves toutes identiques accrochées aux murs, peu de matériel et d'affichage. Nous sommes dans un enseignement tout ce qu'il y a de plus frontal.

    Au vu de tout ça, pas étonnant qu'à la sortie du cursus Waldorf les élèves aient environ  un an et demi /deux ans de retard en moyenne par rapport aux élèves sortant de l'école publique. Il est même étonnant que la catastrophe ne soit pas plus grande. Il faut alors sortir de l'école et regarder sa place dans l'offre scolaire : une école Waldorf est une école privée hors contrat ayant des frais de scolarité assez élevée (1500 à 3000€ par an) et s'adresse donc à une catégorie de la population aisée, ayant accès à la culture et qui engagera un professeur particulier pour faire une remise à niveau à la sortie de leur cursus Waldorf.  D'un autre côté, on y entre sur dossier, l'école sélectionne ses élèves, et pour finir, un élève trop faible ou qui pose souci est tout simplement renvoyé de l'école. Bref la sélection y est très strict. Bref, ça n'a pas grand chose à voir avec une école publique qui accueille tous les enfants.

    Les écoles Waldorf se targuent d'une bonne réussite au bac, Sauf qu'elles ne présentent aucun élève à l'examen vu que son cursus s'arrête en première. Elle présente des statistiques de 85% de réussite au bac pour ses anciens élèves ayant passés le bac un ou deux ans après la fin de leur cursus. Mais tous ses anciens élèves passent-ils le bac? Quelle proportion de ses anciens élèves passe effectivement le bac? Quid des élèves en difficulté qu'on a gentiment mais fermement poussés dehors avant la fin du cursus? Par ailleurs, les familles de ces élèves ont parfaitement les moyens de payer des cours particuliers et de faire bachoter leur enfant pendant l'année, voir les deux, qui sépare la sortie de l'école du passage du bac.

    Si on regarde alors de plus près la propagande des écoles Waldorf, on s'aperçoit, qu'il n'y a pas que sur ce point que les informations données jouent sur les mots, par exemple, toutes leurs pubs affichent ceci : 

    "Respecter le rythme de l'enfant."

    Quand on lit cette phrase, on pense que l'école va s'adapter au rythme de chaque enfant, et pour les parents c'est très séduisant cette différentiation, cette adaptation au besoin spécifique de son enfant. Toute la manipulation est dans le sens donné au mot rythme. Le rythme dont on parle ici n'est pas celui propre à chaque enfant, il s'agit du rythme de développement de l'enfant tel qu'il est décrit par l'anthroposophie, on va respecter le rythme des apprentissages et les activités décidés par Rudolf Steiner en 1919. Toutes les classes Waldorf proposent la même activité au même moment à tous les enfants d'une classe, et en fait à tous les enfants d'une même classe d'âge à travers toutes les écoles Waldorf du monde. 

     

    En conclusion

    A mes yeux il n'y a pas grand chose à sauver et à transférer dans ma classe : 

    - les tableaux dessinés à la craie (déjà testés) cela fascine les élèves et les rend plus attentifs. 

    Une pédagogie alternative : la pédagogie Waldorf

    (Oui, bon, c'est pas encore au niveau, mais je vais m'améliorer.)

    - Les blocs de cire Stockmar, car cela permet de faire de grands dessins et de colorier de grandes surfaces très rapidement (et puis j'adore l'odeur).

    Une pédagogie alternative : la pédagogie Waldorf

     

     

    - Les activités de maths et de géométrie.

    Une pédagogie alternative : la pédagogie Waldorf

    Ma petite collection de livres de maths Waldorf.

    C'est assez dépaysant par rapport à ce que l'on fait habituellement dans nos classes. Il faudrait que je prenne le temps de faire un article dessus. 

    - l'art! (ben vi, vu que ça occupe les élèves 1/3 du temps scolaire dans une école Waldorf, il y a pas mal de chose intéressante.) J'attends un livre sur le sujet. 

     

    ___________

    Voili voilou, J'espère ne pas vous avoir trop ennuyé. smile

     

     

     

     

     

     

     

     

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  • L'année dernière, j'ai passé de longues, trèèèèès longues, heures à essayer de faire comprendre à mes élèves l'art de la conversion de mesure. Ils ont peiné, j'ai sué, bref la galère.

    Cette année, j'ai mis au point un truc pour faciliter les conversions : la virgule magique.

    Voici la bête :

    La virgule magique

    Techniquement, il s'agit d'une pique pour minibrochette apéro sur laquelle j'ai dessiné une grosse virgule noire.

    Voici son fonctionnement : 

    Prenons une mesure à convertir, par exemple : 21,8 dam

    Je prends mon tableau de conversion, la virgule magique et un crayon à papier. Je regarde en quelle unité est ma mesure de départ, ici le décamètre. Je pose la virgule magique dans la colonne du décamètre, bien contre la ligne de droite.

    La virgule magique

    Maintenant, je n'ai plus qu'à écrire les chiffres autour de la virgule.

    La virgule magique

    Voilà, j'ai écrit ma mesure de départ, maintenant je n'ai plus qu'à convertir dans l'unité désirée, par exemple en hectomètres. Et là rien de plus facile : je prends ma virgule magique et je la pose dans la colonne hectomètre. Il n'y a plus qu'à lire.

    La virgule magique

    21,8 dam = 2,18 hm

    Si je veux convertir en millimètres, je prends la virgule magique et je la pose dans la colonne millimètre.

    La virgule magique

    J'ai des colonnes vides entre la virgule et les chiffres, alors j'ajoute des zéros.

    La virgule magique

    Et il n'y a plus qu'à lire : 21,8 dam = 218 000 mm

    Et ainsi de suite.

     

    Cette année, mes élèves ont pigé les conversions de mesure en moins d'une heure ! 

    Youpi!

     

    (oui, je sais, ce n'est pas très mathématiques mais je ne suis qu'une patate moi...)

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  • J'aime beaucoup corriger individuellement le travail avec les élèves et donc les faire venir au bureau, sauf que ça dégénère vite  avec au choix la longue file d'attente où c'est la pagaille où ils se copient dessus.. ou alors la course si on interdit aux élèves de faire la queue, dans les deux cas les élèves qui ont fini perdent leur temps, bavardent et c'est la pagaille.

    grrr

    J'ai donc mis en place un système de file d'attente : 

    file d'attente au bureau

    Chaque élève a une pince à linge marquée à son nom, quand il a fini son travail il vient mettre sa pince à la suite sur les cases numérotées, retourne à sa place et fait son travail/activité d'autonomie. J'appelle l'élève au bureau quand c'est son tour et je lui rends sa pince.

    J'ai gagné en silence, les élèves n'attendent plus sans rien faire, en plus je n'ai qu'à regarder le nombre de cases vides pour savoir combien d'élèves n'ont pas fini. 

     

    Voili voilou, un petit truc de gestion de classe à moi...

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  • Dans ma classe le rituel du matin consiste en des exercices de révision : quand les élèves arrivent, j'ai déjà écrit trois exercices au tableau : un exercice de vocabulaire, une exercice de français et un exercice de maths. Les élèves s'assoient et se mettent immédiatement au travail pendant que je récupère les papiers, note qui mange à la cantine... Ça prenait environ 20min. 

    L'exercice de vocabulaire est toujours le même : écrire une phrase avec un mot tiré au sort.

    En effet tout au long de l'année, on écrivait sur des petits papiers  tous les mots difficiles  croisés en lecture, sciences, histoire, etc. et on les mettait dans un grand bocal. Tous les matins un élève de service tirait au sort un mot, devait l'expliquer, et tout le monde devait ensuite écrire une phrase avec (ou avec un mot de la même famille, on avait beaucoup travailler la dérivation et les familles de mots).

    Pour les exos de français et de maths je faisais ça au feeling. 

    Pour cette année, je garde mon bocal à mot, mais j'améliore le système de révision, avec un bocal de français et un bocal de maths.

    Un bocal, des bocaux...

     

    En vert, le vocabulaire

    En rose, les maths

    En bleu, le français

    Pour le vocabulaire, je garde le même principe que l'année dernière : on écrit sur des petits papiers le vocabulaire rencontré en classe, on tire au sort un mot tous les matins et on écrit une phrase.

    Pour le français et les maths, on mettra dans les bocaux des petits papiers avec les numéros des leçons, chaque matin l'élève de service tirera au sort une leçon de math et une de français à revoir pour la semaine suivante. (Par exemple le lundi matin, on tire au sort les leçons à revoir pour le lundi suivant.) Et le jour J, les élèves ont un exercice en français et un en maths portant sur les leçons à revoir.

    Comme ça, c'est plus interactif... on verra ce que ça donne à l'usage.

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