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Par maîtressepatate le 14 Août 2017 à 15:48
Alors que je faisais du ménage, tri, rangement dans ma bibliothèque professionnelle avant une longue période sans école (un an quand même), je me suis dit : "Tiens, si je partageais quelques idées de lecture qui changent du mainstream d'animation péda, de la mode Montessori dont on nous gave sur les forums et blogs et de la propagande de l'ICEM des salons pédagogiques et mailling reçu dans les écoles...."
Car oui, il y a d'autres sources pour nourrir sa pratique de classe et sa réflexion, nous ne sommes pas condamnés aux Oralbums, à la tour rose et aux plans de travail... (Moi? réductrice? non, pas du tout! )
EDIT (15/08)
Je précise que je ne suis pas forcément d'accord avec la totalité des propos contenus dans les livres que je cite. Comme dans toute lecture, il faut garder son esprit critique et faire le tri.
1- « Apprentissage du Langage oral à l'école maternelle pour une pédagogie de l'écoute » de Pierre Péroz, Canopé éditions.
Zaubette a écrit un très bon article présentant cette pédagogie du langage oral à la maternelle, je ne vais donc pas me lancer dans les explications et vous renvoyer vers son article :
http://www.zaubette.fr/une-pedagogie-de-l-ecoute-en-langage-maternelle-a118398350
Je l'utilise depuis deux ans en classe, et c'est vraiment très efficace.
Je complète avec le principe des Living-books (pour le choix des livres à lire) et de la narration (pour les plus grands, à partir du milieu de la GS) tirés de la pédagogie de Charlotte Mason (google est votre ami ).
2- La pédagogie Reggio Emilia
«Bringing the Reggio Approach to Your Early Years Practice» , L. Thornton & P. Brunton, Editions David Fulton Book
«The hundred languages of Children» C. Edward, L. Gandini, G. Forman, Editions Praeger
Oui, c'est en anglais, il n'y a pas de livre en français sur cette merveilleuse pédagogie, mais on trouve pas mal de blogs qui en parlent car c'est très à la mode en IEF (alors que, techniquement, ce n'est pas du tout fait pour l'instruction en famille car le groupe d'enfants y est un fondamental...)
Pour en savoir un peu plus sur cette pédagogie avant d'attaquer ces lectures : sur wiki , présentation sous forme de PDF... et google est votre ami.
3- «Libérons la créativité de nos enfants», Marie Gervais, Editions de la Martinière
Ce livre n'est pas destiné aux enseignants mais aux parents, mais peu importe, c'est une véritable mine d'or d'activités, d'aménagement, d'idée de matériel en art plastique, musique, bricolage, la cuisine...
4- «Le jeu de peindre» Arno Stern, Editions Actes Sud
Alors là non plus ce n'est pas destiné du tout aux enseignants, Arno Stern étant contre l'école et la scolarisation des enfants. Cependant cet ouvrage présente sa méthode d'expression via la peinture libre (la formulation) : condition matériel, organisation, observation de l'évolution des pratiquants... c'est passionnant. J'ai tenté cette approche en classe par des ateliers reprenant les grandes lignes du jeu de peindre et j'ai été bluffée par ce que font les enfants après quelques séances.
Je précise sinon, que je ne suis pas du tout d'accord avec beaucoup des propos de l'auteur (normal, c'est un antiécole), il y a du tri à faire.
5- «Rimes et comptines, une autre voix» Evelyne Resmond-Wenz, Erès éditions, collection 1001BB
Livre destiné aux professionnels de la petite enfance (crèche, assistante maternelle...) et aux parents d'enfant en bas âge... bref, c'est pour les bébés et enfants avant la maternelle, mais quelle importance? Nos élèves sont encore bien petits quand ils arrivent dans nos classes. Ce petit livre présente les différentes sortes de comptines, leur historique, leur évolution, leur intérêt pour les enfants... Ça change du "il faut apprendre dix poésies et comptines par an" sans explication.
6- «Les livres, c'est bon pour les bébés» Marie Bonnafé, Editions Pluriel
On reste dans les publications à destination des assistantes maternelles, du personnel de crèche et des parents, mais cela montre une autre approche du livre pour nos petits que celle habituelle en école et en plus ce livre fournit une bibliographie de livres/albums très riche et triée par genre.
7- «De l'enfant roi à l'enfant tyran» Didier Pleux, éditions Odile Jacob
Là aussi, ce n'est pas destiné aux enseignants et pas tellement sur les enfants de moins de 6 ans, mais certaines de nos réactions d'enseignant face à un certain type d'enfant y sont épinglées et nous montre comment inconsciemment nous empirons la situation.
8- «TV Lobotomie» Michel Desmurget, Editions J'ai Lu
Juste pour savoir pourquoi les écrans ne devraient JAMAIS franchir le seuil d'une classe maternelle.
9- «Manuel pratique des jardins d'enfants de Frédéric Froebel : à l'usage des institutrices et des mères de famille..." J.-F. Jacobs, F. Claassen libraire-éditeur (1859)
Car la mode est de ressortir les vieilles pédagogies en disant que c'est hyper innovant (car Montessori, c'est tout sauf du neuf, hein, soyons sérieux), je suis remontée encore plus loin, avant Maria Montessori, avant Pauline Kergomard, je suis remontée jusqu'à Frédéric Froëbel, au début du XIXe siècle.
Personnellement, j'ai acheté (sur Amazon) une impression à la demande du livre numérisé, mais cet ouvrage est disponible gratuitement sur googlebook: J_F_Jacobs_Manuel_pratique_des_jardins_d_enfants_
Une petite précision, le livre n'est pas de F. Froëbel lui même mais d'une de ses disciples et publié 10 ans après la mort de Froëbel. Les livres de Froëbel sont introuvables en français.
Il faut aussi remettre cette pédagogie dans un contexte et une époque quand on le lit. Nous sommes à une époque où la majorité de la population ne sait ni lire ni écrire, où les enfants travaillent aux champs ou dans les ateliers dès le plus jeune âge. Promouvoir l'instruction pour tous dès le plus jeune âge, éduquer les mères pour qu'elles instruisent leurs enfants, c'était révolutionnaire à cette époque. Lors de la lecture de la préface et de l'intro, il faut garder à l'esprit l'époque à laquelle cela a été écrit.
Le livre se divise en trois parties, d'abords un large extrait du livre "les causeries de la mère" de Froëbel.Cette partie présente les activités de langage que doit mener la mère avant la "scolarisation" (avant 4 ans) : enrichissement du langage et des connaissances du monde via le dialogue autour d'images, des situation quotidiennes, et des chants.
Ensuite on nous présente les différents dons de Froëbel : un ensemble de matériel numéroté et progressif. Ce matériel est toujours fabriqué en Allemagne sous le nom de "spielgaben"
Site du fabricant : https://spielgaben.com/spielgaben-toy/ (eh oui, ce joli ensemble vaut la bagatelle de 400€)
Contrairement à son apparence, ce n'est pas juste un très onéreux jeu de construction. Il y a toute une série d'activités précises à faire faire avec et qui travaillent la géométrie (la géométrie était à l'époque la science reine), la logique, l'arithmétique, le langage... Toutes les activités ne concernent pas les enfants d'âge de l'école maternelle, ce matériel a été mis au point pour des enfants de 4 à 12 ans...
Pour finir, le livre parle des occupations manuelles: découpage, pliage, tissage, piquage, dessin au trait, entrelacement...
C'est une lecture très enrichissante et pas mal dépaysante tellement c'est loin de ce que l'on croit pouvoir attendre d'un enfant actuellement.
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Voili, c'était juste un peu de lecture pour s'ouvrir un peu sur autre chose dans nos classes et y faire rentrer un peu d'air.
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Par maîtressepatate le 15 Décembre 2014 à 12:44
Car mon IEN nous rabâche qu'il faut être innovant et pratiquer des pédagogies alternatives pour sauver nos élèves de l'échec scolaire, j'ai tant bien que mal fini par y mettre le nez. Les pédagogies alternatives les plus connues sont : Les méthodes Freinet, la pédagogie Montessori, La pédagogie Decroly et la pédagogie Waldorf-Steiner.
Je me suis plus particulièrement penchée sur la pédagogie Montessori et sur la pédagogie Waldorf-Steiner. Je ne vous fais pas d'article sur Montessori, d'autres l'ont fait bien mieux que moi et on trouve énormément de ressources en ligne. Google est votre ami.
Par contre, pour la pédagogie Waldorf, on trouve difficilement des sources et des infos (surtout en français), les écoles Waldorf-Steiner ayant une sorte de culte du secret... donc un petit article pour pour présenter le résultat de mes recherches et mon opinion dessus.
1- La libre école Waldorf
La pédagogie Waldorf fut créée par Rudolf Steiner et la première école fut fondée en 1919 pour les enfants des ouvriers de l'usine de cigarette Waldorf-Astoria de Stuttgart pour appliquer les idées de la philosophie Anthroposophique et créer l'"homme nouveau". Cette école fut baptisée "La libre école Waldorf".
Rudolf Steiner n'était pas un pédagogue mais le créateur de l'anthroposophie. (L'anthroposophie sur Wikipédia). L'Anthroposophie est en France régulièrement accusée de dérive sectaire et d'être une secte. Cette pédagogie n'est là que pour appliquer sa conception de l'éducation et du développement humain, bref pour appliquer l'anthroposophie aux enfants. Les écoles Waldorf se défendent à corps et à cris à ce propos en disant que non non non, il y'a a pas d'anthroposophie dans leurs écoles. Cependant, les enseignants reçoivent une solide formation à l'anthroposophie, les (rares) livres de pédagogie qui leurs sont destinées sont plein de références anthroposophiques, les leçons et l'organisation de la vie de l'école sont construites selon une conception anthroposophique du monde, les élèves font de l'eurythmie (sorte de yoga anthroposophique)...
Donc bon, certes les élèves n'ont pas ouvertement de catéchisme anthroposophique en classe, mais tout dans l'école est à la sauce anthroposophique... Chacun en fera les déductions qui lui chantent.
2- Le cursus Waldorf
La scolarité est divisée en plusieurs cycles.
a) Le jardin d'enfants
Le jardin d'enfants accueille les enfants jusqu'à 7 ans. Aucun apprentissage scolaire n'y a lieu. En effet, avant 7 ans (avant la chute des dents de lait et l'arrivée des dents d'adulte), l'anthroposophie considère que l'enfant n'a pas d'âme et ne peut donc rien apprendre. Il est tout entier accaparé par la croissance de ses organes.
Les éducateurs (jardinières ou jardiniers d'enfants) organisent le temps scolaire entre jeux libres (avec des jeux/jouets en matériaux naturels) et les activités dirigées (aquarelle sur papier mouillé, dessin avec des blocs de cire d'abeille colorée, modelage de cire d'abeille). Ils organisent aussi des nombreuses rondes, racontent quotidiennement contes et légendes.
Les jours de la semaine sont très ritualisés, à chaque jour correspond une activité dirigée (il y a le jour du dessin, le jour de l'aquarelle, le jour du modelage...), chaque jour il y a les paroles à réciter en début de classe (parole est un mot utilisé dans les écoles Waldorf pour ne pas dire prière) et racontage de contes et légendes, une fois par semaine il y a eurythmie... tout le reste du temps est consacré aux jeux libres.
b) Le premier cycle
Le premier cycle accueille les enfants de 7 à 14 ans. (7 ans : arrivée des dents d'adulte signe de l'apparition du corps éthérique dans le corps de l'enfant et 14 ans date de la puberté et de l'apparition du corps astral)
Les élèves gardent le même professeur de classe (instit) pendant tout le cycle.
Les 2/3 du temps scolaire sont dédiés aux arts et aux travaux manuels. Les matières scolaires ne sont pas réparties sur la semaine comme dans une école standard mais regroupées par période de deux ou trois semaines. C'est à dire que tous les matins pendant deux ou trois semaines, par créneaux d'une heure et demi à deux heures consécutives, les élèves vont faire soit français, soit maths, soit géo, soit histoire, soit sciences. Donc les semaines où on fait maths, on ne fait ni français, ni sciences, ni....
Ce travail est consigné dans un cahier de période illustré et écrit par les élèves à partir du modèle donné par l'enseignant.
On étudie de manière approfondie les mythes et légendes. Une fois par semaine on fait de l'eurythmie. On récite paroles et versets quotidiennement. Une part importante du temps scolaire est dédiée aux fêtes et à leur préparation.
Un document qui donne un aperçu de la répartition des enseignements ("programmes") en Pédagogie Waldorf-Steiner :
Plan scolaire en pédagogie Waldorf-Steiner
c) Le deuxième cycle
De 14 à 18 ans, jusqu'à la 12e classe (équivalent de la classe de première). L'organisation est grosso modo la même que pour le premier cycle.
3- Waldorf, et alors?
Quand on s'attarde un peu plus sur les contenus, on se rend vite compte que c'est très religieux : prières récitées en choeur tous les matins, versets à apprendre par coeur pour s'améliorer, eurythmie, textes parlant du Seigneur et des Saints, apprentissage de l'écriture en copiant des passages de ma Bible, prière du soir avant de quitter la classe, enseignement des mythes comme s'ils s'agissaient de vérité historique... Sans compter que tous les contenus sont fortement influencés par l'anthroposophie.... Pour une maîtresse patate comme moi très attachée à la laïcité, ça me fait franchement tiquer.
Paroles du matin récitée en choeur par les élèves.
Quand on gratte un peu, on se rend compte aussi qu'il n'y a que peu de relation à l'écrit, les élèves n'ayant pas accès aux livres avant la 2 ou 3e année de premier cycle, et encore sont-ils drastiquement sélectionnés (imaginez une école standard où les élèves ne verraient pas un livre avant le CE2, et encore uniquement des albums du Père-castor...)
L'enseignant est le seul détenteur du savoir (vu l'absence d'écrits), absolument tout va passer par lui, sa parole fait force de vérité. D'ailleurs, quasiment tout passant par l'oral, l'enseignant peut bien raconter ce qu'il veut, il n'y aura pas de trace (avec les dérives que cela peut avoir dans une école régulièrement accusée de dérive sectaire). La relation enseignant/élève est basé sur l'affectif, à la limite du prof papa/maman, du prof copain et du gourou... cette relation ne s'arrête pas à la porte de l'école, l'enseignant va aussi dans les familles, entre dans leur intimité. Le lien enseignant/élève est d'autant plus fort qu'un élève garde le même enseignant pendant 7 ans.
Le dessin et l'image ont une place très importante dans la pédagogie Waldorf. On fait beaucoup dessiner et colorier les élèves (mais uniquement avec des pastels en cire d'abeille ou de l'aquarelle sur papier mouillé), et l'enseignant réalise au tableau de véritables oeuvres d'art à la craie. (pleins d'exemples de dessins à la craie)
(J'avoue, je trouve que c'est vraiment la grande classe ces tableaux.)
Les cahiers de périodes (main lesson books) obtenus sont magnifiques et très colorés. Par exemple :
(d'autres exemples via google)
Et là aussi c'est quand même trop la classe (surtout quand je vois les torchons que me font parfois mes élèves).
Mais si on observe un grand nombre de ces cahiers de période on remarque que :
- quelle que soit l'école, pour un niveau et une leçon donnée le texte est très similaire, il s'agit donc du recopiage du modèle du maître, modèle qui est le même dans toutes les écoles Waldorf.
- qu'ils ne contiennent que trèèèèèèèèèès peu d'exercices.
- que ça doit prendre à temps fou à faire (d'ailleurs, les élèves fabriquent parfois eux-même le cahier).
Bref, c'est joli, ça en met plein la vue aux parents, mais l'intérêt pour l'apprentissage est très limité, non?
Et c'est là qu'on arrive au coeur du sujet : l'enseignement à proprement parlé.
L'art, les travaux manuels, les mythes, les paroles/versets, l'eurythmie, les fêtes prennent la majeur partie du temps scolaire. Les apprentissages scolaires n'occupent que deux heures par jour, auxquelles s'ajoutent trois heures de langue vivante dans la semaine.
Les enseignements scolaires sont regroupés par période, c'est à dire que durant deux ou trois semaines, ces deux heures quotidiennes sont dédiées à une seule matière, soit français, soit maths, soit sciences, soit histoire, soit géographie.
Après calcul, cela fait en gros sur une année scolaire 150 h de français, 150h de maths, ce qui est fort peu. (Dans une école standard on fait 360h de français et 180h de maths par an en CP/CE1, et 288h de français et 180h de maths par an en CE2/CM1/CM2.)
Donc il y a peu de temps consacrer aux apprentissages scolaires, peu/pas d'exercices ni de travail personnel, beaucoup de copie de texte donné tout fait par l'enseignant d'après des modèles fournis par le réseau des écoles Waldorf. Mais l'apprentissage n'est pas le but du premier cycle, on y fonctionne par imprégnation et imitation, on est là pour créer des images mentales qui seront activées ensuite. Bref il n'y a pas d'exigence en terme de connaissance ou de travail pour les élèves. Il n'y a pas de redoublement dans les écoles Waldorf, car on se contrefiche un peu du niveau scolaire des élèves en fait. On n'est pas là pour apprendre quelque chose, on est là pour former l'homme nouveau, heureux (et ignorant ?).
Autre chose à faire remarquer par rapport au travail en classe des élèves, malgré le fait qu'elle soit rangée avec les pédagogies dites actives, la pédagogie Waldorf n'en est pas une. Les élèves y font tous la même chose en même temps en imitant servilement le modèle de l'enseignant. L'activité dont on parle dans ces écoles est de sauter en l'air et de frapper dans les mains pour apprendre les tables de multiplication, de faire du modelage, du tricot, de la couture... Il suffit de voir des photos d'une salle de classe Waldorf :
Placement des élèves à des tables individuelles face au tableau, enseignant qui fait un cours magistral, productions d'élèves toutes identiques accrochées aux murs, peu de matériel et d'affichage. Nous sommes dans un enseignement tout ce qu'il y a de plus frontal.
Au vu de tout ça, pas étonnant qu'à la sortie du cursus Waldorf les élèves aient environ un an et demi /deux ans de retard en moyenne par rapport aux élèves sortant de l'école publique. Il est même étonnant que la catastrophe ne soit pas plus grande. Il faut alors sortir de l'école et regarder sa place dans l'offre scolaire : une école Waldorf est une école privée hors contrat ayant des frais de scolarité assez élevée (1500 à 3000€ par an) et s'adresse donc à une catégorie de la population aisée, ayant accès à la culture et qui engagera un professeur particulier pour faire une remise à niveau à la sortie de leur cursus Waldorf. D'un autre côté, on y entre sur dossier, l'école sélectionne ses élèves, et pour finir, un élève trop faible ou qui pose souci est tout simplement renvoyé de l'école. Bref la sélection y est très strict. Bref, ça n'a pas grand chose à voir avec une école publique qui accueille tous les enfants.
Les écoles Waldorf se targuent d'une bonne réussite au bac, Sauf qu'elles ne présentent aucun élève à l'examen vu que son cursus s'arrête en première. Elle présente des statistiques de 85% de réussite au bac pour ses anciens élèves ayant passés le bac un ou deux ans après la fin de leur cursus. Mais tous ses anciens élèves passent-ils le bac? Quelle proportion de ses anciens élèves passe effectivement le bac? Quid des élèves en difficulté qu'on a gentiment mais fermement poussés dehors avant la fin du cursus? Par ailleurs, les familles de ces élèves ont parfaitement les moyens de payer des cours particuliers et de faire bachoter leur enfant pendant l'année, voir les deux, qui sépare la sortie de l'école du passage du bac.
Si on regarde alors de plus près la propagande des écoles Waldorf, on s'aperçoit, qu'il n'y a pas que sur ce point que les informations données jouent sur les mots, par exemple, toutes leurs pubs affichent ceci :
"Respecter le rythme de l'enfant."
Quand on lit cette phrase, on pense que l'école va s'adapter au rythme de chaque enfant, et pour les parents c'est très séduisant cette différentiation, cette adaptation au besoin spécifique de son enfant. Toute la manipulation est dans le sens donné au mot rythme. Le rythme dont on parle ici n'est pas celui propre à chaque enfant, il s'agit du rythme de développement de l'enfant tel qu'il est décrit par l'anthroposophie, on va respecter le rythme des apprentissages et les activités décidés par Rudolf Steiner en 1919. Toutes les classes Waldorf proposent la même activité au même moment à tous les enfants d'une classe, et en fait à tous les enfants d'une même classe d'âge à travers toutes les écoles Waldorf du monde.
En conclusion
A mes yeux il n'y a pas grand chose à sauver et à transférer dans ma classe :
- les tableaux dessinés à la craie (déjà testés) cela fascine les élèves et les rend plus attentifs.
(Oui, bon, c'est pas encore au niveau, mais je vais m'améliorer.)
- Les blocs de cire Stockmar, car cela permet de faire de grands dessins et de colorier de grandes surfaces très rapidement (et puis j'adore l'odeur).
- Les activités de maths et de géométrie.
Ma petite collection de livres de maths Waldorf.
C'est assez dépaysant par rapport à ce que l'on fait habituellement dans nos classes. Il faudrait que je prenne le temps de faire un article dessus.
- l'art! (ben vi, vu que ça occupe les élèves 1/3 du temps scolaire dans une école Waldorf, il y a pas mal de chose intéressante.) J'attends un livre sur le sujet.
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Voili voilou, J'espère ne pas vous avoir trop ennuyé.
18 commentaires -
Par maîtressepatate le 13 Juillet 2014 à 22:44
J'ai profité de cette première semaine de vacances pour faire quelques lectures scolaires.
1- «L'enseignement explicite, une pratique efficace» John Hollingsworth & Silvia Ybarra, éditions Chenelière éducation.
en import chez Pirouette éditions
Je pratique déjà plus ou moins la pédagogie explicite depuis presque 10 ans, c'est plus une mise à jour qu'une découverte donc. Un livre très bien fait, très axé sur la pratique. Bref, j'ai hâte de mettre en action mes nouvelles connaissances sur le sujet.
Par contre, c'est un livre Québécois, donc il faut adapter au système scolaire français...
2-«Résoudre des problèmes : pas de problème! 10/12 ans» Annick Fagnant & Isabelle Demonty, Editions De Boeck
en import chez Pirouette Editions On le trouve aussi parfois sur amazon...
Livre intéressant, les étapes de la résolution de problèmes y sont bien détaillées, avec plein de problèmes fournis sur documents reproductibles.
Par contre c'est du constructivisme pur et dur, les exercices ne sont là que pour que les élèves se débrouillent tout seul à deviner ce qu'on veut leur apprendre, rien en ce qui concerne l'entraînement et la mémorisation des habiletés aussi fastidieusement construites. La méthode en elle-même est très chronophage, commence par mettre les élèves en échec et valorise énormément les élèves qui savent déjà (mais pas grâce à nous).
Bref un fond super (la progression, les étapes, les exos...) que je compte bien utiliser mais une forme que je rejette en bloque. Je vais donc adapter le contenu à ma pédagogie.
J'aimerais jeter un oeil aux versions 5/8 ans et 8/10ans, mais au prix du livre, ce n'est pas prêt d'arriver.
Et un dernier détail, c'est un ouvrage Belge, donc beaucoup des problèmes se déroule dans un contexte Belge...
3- «Oh oh ! Yes ! de l'ortho!» D. Gérard, Editions Atzéo.
en import chez Pirouette Editions ou sur le site mot-à-mot
Table des matières et extraits
(La 5e primaire, c'est l'équivalent du CM2 .)
Alors des bonnes idées, des activités, des étapes de travail et une progression intéressante. Gros travail sur la copie sans erreur.
Par contre comme pour le livre précédent, c'est du constructivisme pur et dur, associé à du travail en groupe quasi-permanent. La méthodologie est très chronophage, les élèves passent beaucoup de temps à tenter de comprendre/deviner ce qu'on veut qu'ils apprennent. Peu de travail individuel, peu d'entraînement...
Ouvrage Belge , avec des textes dans un contexte belge, ça peut être assez dépaysant parfois.
Finalement, pour moi, peu de chose utilisable en classe... Si j'avais su...
4- «Calcul en tête, 8/12 ans» J. Hope, B. Reys, R. Reys, Editions Chenelière Education.
en import chez Pirouette Editions et chez Mot-à-mot
Table des matières et extraits
Des activités de calculs mental clées en main avec fiches d'exercices reproductibles. Que du bonheur!
Par contre pour quelques fiches, les exos sont en dollars Canadiens et les divisions posées sous leur forme anglosaxonne (et non sous forme de potence), il faudra donc jouer du blanco...
5- «Lecto-rat 3e cycle» Pierrette Trudel, Alliage éditeur
en import chez Pirouette Editions
Un livre essentiellement dédié au travail sur les inférences : inférences de lieu, d'agent, de temps, d'action, d'instrument, de catégorie, d'objet, de cause à effet, inférence problème, inférence sentiment. (J'ignorais qu'il y en avait tant!) avec à chaque fois un travail de vocabulaire, de culture générale et une situation de production d'écrit.
Il y a aussi un récapitulatif des stratégies et processus de lecture avec des pistes de travail, un travail sur les connecteurs...
fiches élèves reproductibles.
Certains textes sont très connotés Québécois, ça peut surprendre....
Par contre l'intro est un condensé de "l'élève dois construire lui-même ses apprentissages..." et autres blablas constructivistes... mais après, dans la partie pratique, on fait bien comme on veut vu qu'il s'agit surtout d'une banque d'exercices...
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Bon, voilà pour une semaine...
Non, je n'ai pas d'action chez Pirouette Editions, faut pas croire, c'est juste que c'est l'une des rare manière d'avoir des livre de pédagogie non-français.
J'aime beaucoup les publications Canadienne, déjà car ça apporte des idées nouvelles, d'autre manières d'aborder l'enseignement, et puis leurs résultats à Pisa sont nettement meilleurs que les nôtres tout en étant un système scolaire francophone. Il y a peut-être des idées à y prendre...
Bon, allez, maintenant repos loin de tout ce qui est en rapport avec l'école, jusqu'au 20 août.
Bonnes vacances!
11 commentaires -
Par maîtressepatate le 6 Octobre 2013 à 19:24
Ce week-end j'ai lu «100 idées pour développer la mémoire des enfants» de Béatrice Risso.
J'aime beaucoup cette collection tournée vers le "et en pratique, on fait quoi?".
Je sorts de cette lecture mitigée. Les trois quarts du livre sont constitués par la théorie. La thérorie, c'est bien, mais ce n'est pas habituellement le sujet de cette série de livre, du coup la partie pratique est assez réduite.
Qu'est-ce que je vais retenir pour ma pratique de classe (bon, j'en connaissais et pratiquais déjà certains) :
- que la structuration du temps est liée à la mémoire, et inversement. Un enfant mal structuré dans le temps aura des problèmes de mémoire et un enfant qui a des problèmes de mémoire sera mal structuré dans le temps. Donc, le travail autour de la structuration du temps est important pour la mémoire.
- que bon nombre des jeux et comptines traditionnels enfantines, ainsi que les activités autour de la phonologie, aident à développer la mémoire de travail. (La liste des activités proposés étant souvent utilisées dans les jeux et comptines traditionnels.)
- le jeu Mov (mémoire orthographique visuelle)
- le traitement en profondeur
- s'appuyer sur des éléments déjà connus facilite les apprentissages d'éléments nouveaux
- les cartes heuristiques
- le SQL 3R (Survol-Question-Lecture-Réflexion-Récitation-Révision), SQL RT (Survol-Question-Lecture-Répétition-Test), 2L 2S 2R (Lecture exploratoire, Lecture informative, Surlignage, Synthèse, Récitation, Révision)
- l'estompage
- imagerie mentale
- aide-mémoire et moyen mnémotechnique
Bref, une fort petite collecte de technique qui vient enrichir ma pratique.
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