• Mes élèves sont de petites personnes merveilleuses, toutes différentes, toutes uniques. Avec chacune son caractère, ses joies, ses envies, ses goûts, ses passions, son rythme pour grandir un peu chaque jour. Et elles ont rarement envie de toutes faire la même chose en même temps... 

    Dans la gadoue, la gadoue... ou de la liberté à l'école maternelle

    Jeudi 31 mars, instant de classe...

    Pour une fois, je vais m'attarder un peu sur mes choix pédagogiques. (Même si mes choix ne sont pas aussi passionnants que l'assassinat du deuxième groupe en conjugaison...)

    J'ai une classe maternelle allant de la toute petite section à la grande section, de 2 à 6 ans. Vingt-trois enfants en pleine construction d'eux-même. C'est ma septième année en maternelle multiniveaux et j'ai beaucoup cheminé depuis ma première classe de PS-MS il y a dix ans. Selon mes connaissances en pédagogie, les moyens humains et matériel de l'école, mon expérience des enfants, la pression de la hiérarchie, les modes pédagogiques, mes choix furent d'une manière, puis d'une autre avant d'être ce qu'ils sont maintenant et sans savoir encore ce qu'ils seront plus tard. 

    Je pense que pour un oeil extérieur, ma classe c'est une joyeuse pagaille. Si je tente de définir ma pédagogie ce serait un truc du genre Reggio-montessori-classique-machinchouette à base de truc-bidule de récup. 

    (Vi, j'ai l'art de la définition.)

    Ma classe c'est des jeux libres, du dessin libre, des bricolages libres, des plateaux d'activité en choix libre... en classe, en récré, mes élèves ont le choix de faire selon leur humeur et leurs envies la majeur partie du temps.

    De la liberté à l'école maternelle

    Mars

    Trop fun de jouer dans les flaques et de crapougner dans la gadoue.

     

    De la liberté à l'école maternelle

    Janvier

    inauguration du bac à sable de classe offert par papa Noël

     

    De la liberté à l'école maternelleDe la liberté à l'école maternelle

    avril

    étagères de plateaux d'activité : des activités Montessori, des activités libres...

     

    De la liberté à l'école maternelle

    Mars

    matériel en libre accès et tours de tiroirs contenant des matériaux en accès libre

     

    De la liberté à l'école maternelle

    Dînette, poupées, garage, jeux de construction... que l'on aménage, déménage, réaménage au gré des jeux...

    Sinon, beaucoup de projets lancés en regroupement avec des surprises apportées par Sac-à-malice, des chansons (je suis un vrai Jukebox de chansons du patrimoine, c'est-à-dire que je chante faux en boucle des trucs bien ringards... Vous n'aviez pas remarqué qu'il pleuvait beaucoup cette année ? ), des histoires, des albums, des documentaires...

    Cependant, malgré toute cette liberté, reste des moments plus classique : le sport/motricité/mot-à-la-mode-pour-dire-la-même-chose, j'ai aussi un quart d'heure d'atelier dirigé avec chaque groupe chaque matin (qui sert souvent à faire du langage en petit groupe), ils ont aussi un atelier d'art le matin (l'art, c'est ma grande passion), et l'après-midi les GS ont deux ateliers dirigés, les MS un, et les PS ont un atelier de motricité fine. Je n'arrive pas à lâcher prise totalement.

     

    Mais pourquoi cette liberté? 

    Pour que les élèves construisent leurs pensées, réfléchissent, créent, utilisent leur doigts, travaillent ensemble ou tout seul, découvrent le monde qui les entoure, se construisent chacun à leur rythme.

    L'environnement comme professeur. (©Reggio)

    L'esprit absorbant de l'enfant. (©Montessori)

    Car on n'apprend jamais si bien que quand on a envie de le faire, sur le thème que l'on a choisi. (©jesaispasqui-maisjesuissûrquequelqu'unl'adit)

    Mes élèves (et les vôtres) passent beaucoup trop de temps devant un écran, en découle une passivité, un manque de concentration, de curiosité, des problèmes de langage... assez caractéristiques. (il y a plein de publications sur le sujet, Google est votre ami) Ils manquent cruellement d'expériences sensorielles, manuelles, intellectuelles... Pas bouger, pas faire de bruit, être sage, pas se salir, être assis sur le tapis face à la télé... (Oui, Gulli est mon ennemi! Faut que je vous fasse un article à ce sujet.)

    Les petits ont besoin d'explorer, d'expérimenter, découvrir... Même si vous leur interdisez de faire des expériences (comme de jouer dans les flaques), ils le feront quand même, mais dans votre dos, et ça finira mal, et du coup vous vous épuisez à faire la police. (La liberté a du bon, c'est moins fatigant à surveiller.)

    Bref, cette liberté c'est juste laisser les enfants êtres des enfants.

     

    Mais un enfant peut faire éternellement la même activité ?! 

    Bha oui, c'est l'jeu ma pauv'e Lucette.

    S'il s'acharne dans sa monomanie malgré des incitations/invitations à voir autre chose, c'est qu'il construit quelque chose qui nous échappe. Le forcer n'apporterait rien de bon vu qu'il n'est pas disponible pour autre chose que sa monomanie. 

    Oui, j'ai un élève qui a passé des mois à ne faire que du dessin, un autre a brossé la table pendant une semaine, une autre étale avec énergie de la colle pendant des heures... Mais ils finissent toujours par passer à autre chose, posément, librement, en étant allé au bout de leur activité.

     

     

    Mais ils vont se salir!!!

    Bha oui, et alors? 

    De la liberté à l'école maternelle

     

     

    Il y a de l'eau et du savon à l'école (en accès totalement libre), et puis ils ne se salissent pas tant que ça, pas tellement plus que quand on leur interdit de toucher à tout et qu'ils le font dès qu'on a le dos tourné.

    L'hygiène c'est se laver, pas ne pas se salir. wink2

    Et puis, à quoi ça sert d'avoir des vêtements si on ne peut rien faire dedans? (©Petit Bateau)

     

    Mais ça va mettre la pagaille!

    Oui, et alors? 

    De la liberté à l'école maternelle

     

    Il y a a disposition de quoi nettoyer : pelles, balayettes, balai, plumeau, éponges, torchons, poubelles... A la condition de l'exiger et de l'enseigner (le ménage, ce n'est pas inné), les élèves apprennent très vite à ranger et nettoyer leur propre saleté, à mettre à la poubelle papiers et autre matériaux réduits à l'état de déchets... Et, bien sûr, les adultes de la classe les aident et montrent l'exemple.

     

    Mais quelle gâchis de matériel!

    J'ai la chance d'avoir un  budget de classe plutôt confortable et je fonctionne beaucoup sur la récup. La classe consomme une quantité colossale de papier, j'en récupère partout où je peux.

    Et puis, ce n'est que rarement gâché, l'élève apprend, expérimente... c'est bien ça le but, pour ça que j'ai des sous, non?

      

    Mais ils doivent se chamailler en permanence ?!

    Eh bien non. 

    Il y a la règle du quart d'heure (c'est une moyenne, chez les petits ce temps est plus de 5 à 10 minutes), mettez les élèves en jeux libres (avec assez de matériel pour que tous aient quelque chose dans les mains) : 

    -premier quart d'heure : chacun découvre, se décide, joue plus ou moins dans son coin.

    - deuxième quart d'heure : chamailleries et conflits : chacun voit les limites de son jeu, veut celui du voisin, conflit de matériel, d'espace... 

    - troisième quart heure et plus : les jeux s'organisent, des groupes de se forment, on se décide, une dynamique s'installe. 

    De la liberté à l'école maternelle

    Bon, ce ne sont que des temps approximatifs, hein, mais le jeu libre suit en général cette évolutionAlors oui, il va y avoir des conflits, mais passé une phase, il y en aura beaucoup moins, une ambiance de jeu, c'est une dynamique qui se met en place, une machine qui démarre avant de tourner.

    Par contre, il faut qu'il y ai de quoi faire: deux poupées, une mini dînette, un pot de feutres et un circuit voiture... pour vingt (comme je l'ai vu dans certaines écoles) : ça va être la guerre très vite! Les enfants ne peuvent pas s'organiser car il n'y a pas assez pour que tous puissent vraiment jouer en même temps.

     

     Mais ils ont le droit de faire n'importe quoi, c'est l'anarchie !

    Non.

    Il y a une nuance entre la liberté et faire n'importe quoi.

    Déjà il y a la base : ne pas taper, ne pas faire mal, ne pas insulter, ne  pas crier, ne pas dire de gros mots, ne pas détruire... hein, c'est la base de la collectivité. Ma classe n'est pas une zone de non-droit.

    Puis « ma liberté s'arrête ou commence celle d'autrui ». 

    Et puis il y a les règles d'utilisation du matériel : 

    - J'utilise alors je range quand j'ai fini.

    - Je salis alors je nettoie.

    - Je ne prends pas des mains.

    - Je n'ai le droit de prendre qu'une activité qui est rangée à sa place.

    - Je ne marche pas sur les tapis. (Pour s'installer par terre, il y a des petit tapis à disposition.)

    - Je marche en faisant attention aux autres. 

    - J'utilise les activités qui sont sur les plateaux en respectant l'utilisation qui m'a été expliquée.

    - Pour le bac à sable : pas plus de deux enfants, si on fait tomber du sable à côté on nettoie et on change de jeu. (sinon, il y a du sable dans toute la classe et le sol devient une patinoire...)

    - etc.

    Sinon, pendant les temps libres, les élèves utilisent le matériel librement, pas besoin de me demander pour prendre un plateau, aller regarder les livres, prendre des feuilles, des crayons, du scotch, de la colle, pour aller aux toilettes (elles sont attenantes à la classe, et en cas de besoin d'aide, il faut qu'ils préviennent l'atsem avant d'y aller), pour aller se moucher, pour aller prendre de l'eau au robinet, pour se laver les mains, pour aller boire, pour aller fourrer mettre son dessin dans son sac...

    Chacun vit sa vie, s'organise, des groupes se forment, l'entraide s'installe... la classe bouge, respire, bourdonne d'activité : c'est une ruche en plein travail.

     

    Mais ils n'en profitent pas? 

    Profiter pour faire quoi? Jouer au robinet et inonder le sol ? Vider la boîte de mouchoirs ? Voler du matériel? Jouer dans les toilettes? Tout mélanger sur les plateaux ?  Mettre de la colle partout? ... 

    Et bien non, pas vraiment. Ce type d'incident existe mais ils sont rarissimes (cela arrive moins que dans une classe où tout est interdit car il n'y a pas l'attraction de la transgression de l'interdit). J'ai confiance en eux, ils sont beaucoup plus responsables qu'on l'imagine. 

     

    Mais tu as des élèves parfaits dans ta classe!

    Ben non. 

    J'ai des élèves de deux, trois, quatre, cinq, six ans, des élèves avec des troubles du comportement, handicapés avec ou sans AVS, dys-machin ou dystruc, etc. Bref une classe maternelle normale. 

     

    Ce n'est pas toujours triste, ça ne tourne pas toujours rond, parfois c'est épique (hum, le plateau de semoule qui tombe, puis celui d'eau, puis la boîte de perles...), parfois électrique (hum, la pleine lune avant Noël un jour de pluie...), mais ce ne sont que des enfants, ils apprennent, ils sont là pour cela, et moi je suis leur guide.

     

    Mais alors tu t'assois à ton bureau et tu ne fais rien ?!

    Ben non, c'est idiot comme idée.

    Déjà il faut faire respecter les règles de vie et garder un oeil sur les divers espaces de la classe. J'ai certes confiance en eux mais je ne suis pas naïve et idiote, l'air de rien, je surveille.

    Ensuite, je propose et présente les plateaux individuellement.

    J'observe les activités et les élèves, pour voir où ils en sont des apprentissages, ce qui les intéresse...

    Parfois je joue avec eux, lis un livre avec un groupe, chante une chanson à d'autre.

    Je répare, ré-approvisionne, aide...

    Je prends aussi beaucoup de photos pour mettre dans les cahiers de vie.

    Et surtout je suis le grand Manitou. Certes l'environnement est un professeur, mais c'est moi qui crée cet environnement en fonction de mes observations, de mon but, de l'ambiance de la classe... 

    Je n'ai pas une minute à moi!

     

    Et les programmes ?

    Eh bien, je suis le grand Manitou, j'ai aussi un peu de bouteille du coup je sais où je vais, ce que je veux, alors j'organise l'environnement pour favoriser tel ou tel aspect des apprentissages, encourage les élèves dans telle ou telle activité.

    Selon les nouveaux programmes de la maternelle, mes élèves ont bouclé les attendus de leur classe d'âge depuis un mois environ... 

    Ben vi, la liberté ça a du bon, on n'apprend jamais aussi bien que quand on est prêt et qu'on veut le faire.

     

    Mais comment tu les évalues?

    Facile : je ne les évalue pas. 

    Pas de livret d'évaluation de cinquante pages en huit nuances d'étoile dans ma classe, ni remplit pas moi et ni par les enfants. Mes élèves ont mieux à faire que de se situer pluri-quotidiennement dans leurs apprentissages et par rapport aux autres, ils travaillent ardemment à grandir.

    C'est déjà bien assez.

    Je suis un guide, pas un gendarme qui établit des PV, ni un juge qui sanctionne.

     

    Mais alors c'est une garderie!

    Ben non. J'enseigne et mes élèves apprennent.

    J'observe mes élèves, je sais où ils en sont, ce qu'ils font, leurs points forts, leurs faiblesses... de là je crée, propose, construis, organise dans le but que mes élèves maîtrisent les compétences des programmes... entre autre.

    Et puis si jeu = garderie, école = ?   

     

    Et les parents?

    Très peu de retour en fait, mais aucune critique sur mes méthodes ne m'a été remontée. Certains sont un peu perdus, surtout s'ils ont eu des aînés passés dans une classe traditionnelle avec fiches et ateliers tournants, mais ils avouent voir leur enfant évoluer et apprendre, c'est le plus important.

     

    Et les collègues ?

    Je n'ai pas de collègue de maternelle. Les collègues d'élémentaires se mêlent peu de ma pédagogie, je les adore pour cela! 

     

    Et l'inspection ? 

    J'évite de parler de mes choix et de mon organisation qui ne sont pas du tout dans l'air du temps. (Nous sommes dans l'air de l'hyper-contrôle et de l'évaluationnite aiguë. On se fiche de ce que l'on fait, il faut évaluer, contrôler, lister, classer...)

     

    Et l'ATSEM ?

    Alors il faut vraiment bien présenter le concept et être très pédagogue, car c'est déstabilisant pour elle, la classe se salit vitesse grand V, il y a cette impression de pagaille et d'anarchie, il faut accepter de laisser faire et de ne pas tout contrôler.  

    Dur dur à faire accepter, à faire respecter.

     

    Mon bilan actuel 

    Mes élèves sont autonomes, curieux, actifs, maîtrisent les compétences des programmes. Ils ont le sourire et semblent heureux de venir à l'école.

    Bref, d'après moi, ça roule.

     he

     

     

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  • Au-revoir le CM2, bienvenue la classe unique de maternelle.

    Qui dit changement de niveau, dit création de nouveaux outils. Je vous présente Sac-à-Malice!

    Sac-à-Malice, la mascotte fourre-tout...

    Techniquement c'est juste un très grand sac à bandoulière (fait maison) avec des yeux et des dents, mais en classe il sert à plein de choses. 

     

    1- Le rangement de la classe

    Sac-à-Malice est très vorace, il mange tout ce qui traîne et n'est pas rangé, donc quand les élèves rangent après les activités et les jeux, s'il reste quelque chose qui traîne, il le mange et après il faut attendre plus d'une semaine pour le récupérer. 

    C'est très efficace, les élèves ne laissent rien traîner. Par contre au début, ils se demandaient si Sac-à-Malice pouvait les manger, il a donc fallu que je précise qu'il ne mangeait pas les enfants.

     

    2- Transport

    Sac-à-Malice est très grand, on peut y mettre tout le bazar dont on a besoin en maternelle quand on se déplace (je ne sais pas vous, mais pour moi en maternelle les déplacements sont de vrai déménagements :  liste d'urgence des élèves, boîte de mouchoirs, changes, gobelets, trousse à pharmacie...)

    Il y a toujours un élève qui veut le porter et on ne l'oublie jamais. (Il a un côté mascotte très efficace.)

     

    3-Apporter des choses en classe

    Tous les mercredis, Sac-à-Malice attend sur ma chaise au coin regroupement, le ventre plein de quelque chose qu'il aurait mangé ailleurs et nous aurait rapporté.

    Il y a tout un rituel pour l'ouvrir  et on découvre ensuite ce qu'il nous a apporté. 

    Soit ce sont des matériaux bruts, alors on réfléchit à ce que l'on va pouvoir faire avec.

    Soit le contenu a une utilisation précise, alors il y a une lettre pour nous expliquer ce qu'il faut faire. 

    Depuis septembre il nous a apporté des paquets de photo, un grand paquet de vieux journaux, du matériel pour faire du papier recyclé, des plumes de paon, des bulbes avec des pots et du terreau, de l'ail/oignons/échalotes, des bogues de châtaignes, les ingrédients de la pâte à sel, de quoi faire des savons parfumés, de la paille, du bois et des morceaux de brique...

    Nous passons une partie de la matinée à découvrir les matériaux et (s'il y en a) à suivre les instructions donnés par Sac-à-Malice.  Pendant cette activité, je prends plein de photos et les jours suivants nous faisons des affiches (gros travail de langage pour faire les légendes) et/ou pour les plus petits, on ajoute des pages à leur album écho.

     

    4- Apprendre l'alphabet

    Suite à la lecture de l'album "Le monstre du tableau" avec les GS.

    Sac-à-Malice, la mascotte fourre-tout

    Nous avons découvert que Sac-à-Malice faisait partie de la famille des monstres de tableau, et qu'il fallait donc le nourrir convenablement avec des lettres de l'alphabet.  Pour cela j'ai fabriqué un sac d'aliment spécial Monstre de tableau : 

    Sac-à-Malice, la mascotte fourre-tout

    Rempli de biscuits-lettre en pâte à sel.

    Sac-à-Malice, la mascotte fourre-tout

     

    Tous les matins, les GS tirent au sort un biscuit chacun, donnent le nom de la lettre, la montrent au reste de la classe et la met dans Sac-à-Malice. J'écris sur le tableau les lettres que Sac-à-Malice a mangé, on les répète...

     

    Pour le moment, il n'y a qu'un paquet en lettres d'imprimerie, mais il y aura aussi un paquet de minuscules scriptes, un de lettres cursives et pour finir un paquet d'aliment complet mélangeant toutes les écritures. 

     

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    Voilà, voilà, je suis sûre que je vais trouver d'autres utilisations. 

    Comme quoi, avec juste un sac, on en fait des choses. he

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  •  

     

    Lors de mes longues visites sur Pinterest, j'avais croisé de nombreuses fois sur les sites américains des photos de lampes "no question". Et comme ce que le singe voit le singe le fait, j'ai eu envie d'en faire une : 

    Matériel :

    - une lampe bouton-poussoir (on appuie dessus ça s'allume, on rappuie ça s'éteint) à pile. J'ai pris le modèle le moins cher que j'ai trouvé, environ 3~4€ chez Castorama

    - Un carré de carton

    - piles (4 ici)

    - feutre posca

    - peinture

    - bande velcro autocollante (car il faut pouvoir détacher la lampe du carton pour changer les piles, et la patafix ne tient pas à long terme)

     

    Utilisation :

    Quand cette lampe est allumée, les élèves ont interdiction de poser la moindre question (sauf urgence). 

    Plus précisément, je les préviens que je vais allumer la lampe avant de passer les consignes, après avoir vérifier que les consignes ont été écoutées et comprises, j'allume.

    Si les élèves sont sur un travail de copie (je fais copier le plus possible les leçons, je ne suis pas fan de la photocopieuse), les élèves n'ont absolument aucune raison de poser des questions. Le temps de copie me permet de prendre un groupe de besoin en remédiation (les élèves qui viennent avec moi ont une photocopie de la leçon), et le reste du groupe ne doit pas nous déranger, donc j'allume.

    Si les élèves sont sur des exercices d'application, j'allume aussi. Premièrement ça les force à écouter les consignes vu que je ne les répétérai pas à la demande, ça leur demande de se poser la question à eux-même et de réfléchir. Deuxièmement pendant tout le travail je circule dans la classe, observe, aide, réexplique, guide... l'interdiction de poser des questions, empêche les élèves extravertis de me m'appeler en permanence pour un oui ou pour un non au détriment des élèves timides et introvertis qui n'oseront pas demander d'aide. Je passe voir tout le monde, repère ceux qui ont du mal, aide sans être dérangée toutes les deux minutes par un «MAÎÎÎTREEESSSSSSSEEEE!!!!» tonitruant. (Oui, ils ont du mal à lever la main et a attendre en silence.) Ils doivent attendre que je vienne les voir.

     

    Ce système fonctionne très bien dans ma classe cette année, par contre il faut se munir de piles rechargeables, car elles usent vite.

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  • Je vous parlais dans mon article précédent de vocabulaire. Eh bien à l'instar du vocabulaire, mes élèves ont un niveau de compréhension de lecture catastrophique. (Avouez, ça vous étonne hein?)

    J'ai dégagé plusieurs axes de travail :

    - le comportement de l'élève face au texte,

    - l'automatisation du décodage,

    - l'enrichissement du vocabulaire et de la culture,

    - l'amélioration de la syntaxe, 

    - les images mentales.

     

    1-Le comportement de l'élève face au texte

    Sur ce point, je vous conseille ce livre : 

    Compréhension de lecture

    On pense souvent naïvement que quand on leur demande de lire un texte, les élèves prennent le texte et le lisent du début à la fin en se concentrant pour y comprendre quelque chose. Eh bien cette idée est bien naïve.

    Exemple flagrant du problème de comportement mes élèves face au texte : 

     

    Question : Comment s'appelle l'ami de Sherlock Holmes ?

    réponse attendue : C'est le docteur Watson. (c’est écrit dans le texte.)

    réponses des élèves : C'est Jabez Wilson, Albert, balbutia, Baker Street...

    Une bonne moitié du groupe classe écrit ce genre de réponses, ce qui donne l'impression qu'ils répondent au hasard. Pourtant beaucoup de ces élèves décodent correctement, ils ont une fluence dans la norme attendue pour leur âge (test ROC). Quand on leur lit le texte, ils répondent correctement. Le souci vient de leur manière de lire silencieusement : ils ne lisent pas le texte d'un bout à l'autre, ils balayent le texte du regard, repèrent des mots connus, regardent l'image. A partir de ces mots reconnus en un coup d'oeil (indices) et de l'image, ils extrapolent le sens du texte (intuition du sens, parfois très loin du sens réel du texte). Ensuite ils lisent les questions, balaient le texte du regard à la recherche d’un mot qui pourrait correspondre et le notent en guise de réponse.

    Si on reprend l’exemple précédent :

    Jabez Wilson est le premier nom donné dans le texte après celui de Sherlock Holmes.

    Albert est un prénom, mais est dans le texte «Albert» est utilisé dans le mot composé « Chaîne-Albert » qui désigne la chaîne d’une montre de gousset.

    Balbutia est tiré de la phrase : « Mon ami balbutia une excuse. » L’élève a repéré les mots « mon ami » et a noté le mot se trouvant à côté.

     

    Baker Street est un nom propre repéré grâce à ses majuscules.

     

    Ils font très exactement ce qu'on leur a appris en CP : au CP, le maître écrit au tableau un texte indécodable par les élèves et leur demande de le regarder, de repérer des mots connus, ce qu'ils arrivent à "lire", et de là ils doivent proposer un sens au texte... 

     

    La moitié de mes CM2 lit comme ça! cry

     

    Que fais-je dans ma classe ? 

    Pour tenter de remédier à cette lecture-survol, mes élèves doivent obligatoirement lire à haute voix (utilisation de Chuchoteurs pour limiter le bouhaha en classe, article sur le chuchoteur) avec travail sur l’écoute de sa propre lecture. (On repère vite ceux qui ne lisent pas.) S'écouter lire améliore grandement les performances de lecteur.

    Je ne donne jamais les questions avant ou en même temps que le texte, toujours après, parfois les élèves n'ont plus le texte pour répondre. 

    Je ne donne plus de questions dont la réponse est un mot du texte, que de l'implicite ou de la reformulation, à force ils savent que chercher un mot et le copier est inutile et qu'il faut chercher dans sa tête et réfléchir.

    Je travaille sur les images mentales.

     

     

    2-Le décodage

    Un quart de mes élèves décode mal, bute sur les sons complexes, sur les mots autres que courants, leur lecture est saccadée, lente, laborieuse. Bref le décodage n'est pas automatisé.

    D'autres décodent correctement, mais ce n'est pas fluide, cela leur demande encore pas mal d'effort, ce qui les empêche de vraiment s'intéresser au sens précis.

    Du coup, normal qu'ils préfèrent éviter de lire tous les mots et se contentent de balayer le texte à la recherche des mots qu'ils reconnaissent.

    Que fais-je dans ma classe ?  

    - Je travaille certaines correspondances phonie/graphie,

    - Je travaille la fluence (mais gare aux élèves mitraillettes). J'utilise : 

    Compréhension de lecture

    - Je leur fais lire à haute voix tous les jours 5 à 10 pages de roman (plus des extraits de textes pour l'étude de genre de texte, des textes de sciences, d'histoire, de géo, de...). Depuis septembre mes élèves ont ainsi lu : Fifi Brindacier, Le Magicien d'Oz, Oedipe Schlak Schlak, Alice au Pays des Merveilles, Joker, L'oeil du Loup, des fables de La fontaine, Deux enquêtes de Sherlock Holmes, Tistou les pouces verts...

    (Toutes ces lectures sont décortiquées, expliquées, étudiées... qu'on ne pense pas que je fais juste vocaliser des textes.)

     

    3-Le vocabulaire et la culture

    Pour mon travail de vocabulaire, c'est .

    Pour la culture, ben, déjà lire des textes riches, qui ouvrent pas mal de discussion, et provoquent un apport culturel non négligeable.

    Tous les jours, grâce à un calendrier d'histoire de l'art mondial, on voyage dans le temps et dans le monde...

    Les élèves font des exposés, présentent objets, plantes, instruments... qu'ils apportent en classe.

     

    4- La syntaxe

    Pour comprendre un texte, il est nécessaire d'avoir une bonne maîtrise de la langue, et cette maîtrise c'est l'étude la grammaire, de la conjugaison et de l'orthographe  qui l'apporte.

    Comment comprendre la phrase «Nous allâmes à Covent Garden." si on ignore que "allâmes", c'est le verbe aller au passé simple? (Cette phrase était dans une de nos lectures de la semaine dernière.)

    Etude de la conjugaison, la valeur des temps, des modes, la relation du verbe avec le reste de la phrase...

    Etude de la grammaire, du rôle des mots, de leur nature, de leur fonctions, de leur relation... 

    Etude de l'orthographe, car un ver n'est pas un verre...

     

    Que fais-je dans ma classe ? 

    - 45 min à 1h de de grammaire ou de conjugaison tous les jours, avec beaucoup d'exercices d'entraînement, de transformations/transpositions de phrases et de textes, d'analyses, avec révisions quotidiennes et une bonne dose de par-coeur (car je n'ai pas trouvé de manière plus efficace pour qu'ils sachent leurs conjugaisons.)

    - 1 h d'orthographe par semaine, avec travail d'autocorrection quotidien.

    - Faire beaucoup écrire (je donne très peu de photocopies)

    J'utilise cette méthode:

    Compréhension de lecture

    5- Les images mentales

    Lire, c'est créer une image mentale de ce que contient le texte, c'est créer un petit film dans sa tête à partir de ce qui explicite dans le texte, mais aussi de ce qui est implicite. Cela demande un effort important à beaucoup d'élèves alors ils ne tentent pas d'imaginer et de former une image.

    C'est un gros travail d'entraînement, d'abord à partir de phrases, puis de paragraphes de plus en plus longs, puis en associant plusieurs paragraphes... 

    Un très bon ouvrage sur le sujet : 

    Compréhension de lecture

     

    et un livre pour travailler plus précisément l'implicite via un grand nombre de courts textes triés par type d'implicite (action, lieu, personnage...)

    Compréhension de lecture

    sommaire extrait 1 extrait 2

    Cependant, je préfère travailler à partir des textes lus en classe...

     

     

    Conclusion

    Bref, encore beaucoup de boulot...

     

     

     

     

     

     

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  • Mes élèves ont un bagage lexical absolument catastrophique, des mots comme mincir ou jaunir leur pose problème.  Dans un article précédent, je présentais mon bocal à mots (), mais j'avoue que c'est trop léger vu le déficit lexical de mes zozos. 

    Le souci se pose sur plusieurs niveaux : 

    - une méconnaissance total du mot, 

    - l'incapacité de déduire le sens à partir du contexte, quand ils ne comprennent pas un mot, ils n'en tiennent juste pas compte et saute la phrase.

    - de grosses difficultés concernant la reconnaissance des familles de mots, avec une méconnaissance assez totale des affixes. Par exemple dans "jaunir", plus de la moitié de mes élèves n'ont pas fait le lien avec "jaune". 

    J'ai donc mis en place deux choses :

    - un entraînement morphologique intense.

    - un mur de mots.

    Ça prend pas mal de temps en classe (et de place aussi), mais sans ce travail, les élèves  sont face à gouffre d'ignorance qui les prive de sens en lecture. 

     

    1- Entraînement morphologique

    J'utilise cette méthode : 

    Un mot, deux mots, trois mots, plein de mots en plus

    Techniquement, il s'agit d'une outil pour rééducation destiné aux orthophonistes, mais bon, quand en CM2 ils ne sont pas capables de faire le lien entre jaune et jaunir, je juge que le souci est profond et ce ne sont pas avec les quelques exercices que l'on a dans un manuel de français de cycle 3 que je vais pouvoir faire un truc sérieux et efficace. 

    Présentation du livre

    Extrait du livre

    Cette méthode est destinée aux enfants et adolescents souffrants de dyslexie et de dysorthographie dans un protocole de rééducation de l'orthographe lexicale. ( Un article très intéressant sur le sujet : Rééducation de l'orthographe lexicale : un protocole d'entraînement basé sur la morphologie dérivationnelle. )

     J'ai découvert cette méthode car une bonne partie de mes élèves a une orthographe absolument affreuse. (Vous imaginez bien que si mes élèves ne font pas le lien entre jaune et jaunir, ils sont capables d'écrire "jonir" ou "jonnire", hein, sans que ça les gêne le moins du monde.)

    La méthode est simple et clé en main.  Je leur fais faire sur l'ardoise, par séance de 15~20 min aussi souvent que possible. (Idéalement ce serait tous les jours mais, bon, je n'ai pas que ça à faire, alors souvent ce n'est que deux fois par semaine.)

    Je fais aussi des concours de vocabulaire : je leur donne une liste de suffixes, de radicaux ou de préfixes, et ils ont une semaine pour trouver un maximum de mots qui les contiennent. Les 5 élèves qui ont le plus de mots correctement écrits gagnent une babiole (des trucs de pêche à la ligne, des droits en classe...)

    Pour le moment j'ai juste fait les suffixes, mais je dois avouer que mes élèves font beaucoup moins d'erreur sur la fin des mots et commencent à être capable de voir le radical dans un mot. 

     

    2- Le mur de mots

    Je travaille à partir de : 

    Un mot, deux mots, trois mots, plein de mots en plus

    extrait du livre

    Livres diffusés en France par Pirouette éditions : tome 1, tome 2. (Ils ne sont pas disponibles ailleurs.)

    Le principe est de collecter des mots, de les classer sur un affichage (le fameux mur) et ensuite de faire plein d'activités ludiques pour les faire mémoriser. 

    Il existe divers types de murs de mots, selon l'âge des élèves et ce que l'on veut en faire, tout est dans le livre. 

    Dans ma classe le travail se divise en plusieurs étapes : 

    - récolte, 

    - étude et tri, 

    - entraînement,

    - évaluation.

    Le mur de mots doit être régulièrement vidé et remis à zéro, car c'est lassant de travailler toujours sur les mêmes mots, et puis on finit par manquer de place.

    A) La récolte

    Un mot, deux mots, trois mots, plein de mots en plus

    Sur un coin de mon tableau, j'accroche les mots récoltés dans la semaine. Il y a :

    - 4~5 mots par jour tirés du texte de lecture du jour. Je choisis moi-même ces mots pour prendre des mots assez courants. (car le élèves ont le chic pour  choisir des mots hyper rares, et donc ces mots ne leur servent à rien.)

    - les mots que les élèves ne comprennent pas dans les exercices de français, de maths, d'histoire des arts.... Quand ils ne comprennent pas un mot, ils me le demandent, j'explique et ils le notent sur le tableau à la craie. Pendant la pause méridienne je crée les étiquettes et efface les mots écrits à la craie.

    Tous les mots sont expliqués au fur et a mesure. Je prends garde aussi qu'il y ait des noms communs, des verbes, des adverbes et des adjectifs, si on ne fait pas attention, on n'a quasiment que des noms communs et quelques adjectifs qualificatifs.

    Les étiquettes sont en Arial 80 points. C'est la police la plus petite pour que l'étiquette soit toujours lisible où que l'on soit dans la classe.

     

    B) Etude et tri

    Une fois par semaine on se penche sur cette récolte pour étudier les mots et les trier.

    Pour cela j'ai plusieurs stratégies : 

    -Par groupe, ils tirent au sort quelques mots et doivent chercher les définitions dans le dictionnaire. On met en commun et on copie la liste de mots avec les définitions dans le cahier de vocabulaire.

    -Je leur donne les définitions et une liste de phrases où les mots sont utilisés. Ils doivent alors, en s'aidant des exemples, replacer les mots avec la bonne définition. A la fin on corrige et on met dans le cahier de vocabulaire.

    -Je leur donne directement la liste des mots avec leur définition que les élèves collent dans leur cahier de vocabulaire. Ils ont ensuite des phrases à trou qu'il faut compléter avec les mots de la liste. 

    A la fin de l'activité, on trie les mots par nature pour les mettre sur le mur. 

    Un mot, deux mots, trois mots, plein de mots en plus

    Sur mon mur, les mots sont classées par nature et non dans l'ordre alphabétique. En CM2, mes zozos ont un grand besoin de grammaire....

    J'ai aussi des affiches sur les déterminants, les pronoms.... que l'on complète au fil des leçons. 

    C) L'entraînement

    En autonomie ils ont des mots croisés et des mots mêlés à partir des mots du mur.

    générateur de mots mêlés

    générateur de mots croisés

    Quand je prépare des exos ou des exemples en français, ou en maths, je tente de mettre un maximum de mots du mur. Je m'emploie à utiliser quand je parle un maximum de mots du mur (et les élèves, par mimétisme, font pareil).

    Les mots de mon bocal de mots viennent du mur, et donc, tous les matins, les élèves doivent écrire une phrase avec un mot du mur.

    Le livre sur les murs de mots contient plein d'activités ludiques pour entraîner les élèves et faire en sorte qu'ils retiennent les mots. Mes élèves sont fans de ces petits jeux et les réclament.

    Par exemple : 

    Le basket des mots.

    Les élèves sont par équipes et jouent à tour de rôle en envoyant un joueur devant le panier (j'utilise une balle de tennis et une corbeille à papier). Le joueur doit répondre correctement à une question portant sur les mots du murs (Par exemple : épelle le mot..., donne un mot commençant par... , donne un synonyme de..., donne un mot de la famille de...)

    Si l'élève répond correctement, il a droit de lancer la balle, s'il met la balle dans le panier, son équipe marque un point. S'il ne répond pas ou se trompe, la balle va à l'autre équipe qui doit répondre à la même question.

     

    La balle brûlante

    J'ai un minuteur dont je règle la sonnerie sans donner aux élèves le temps que j'ai mis. Je lance un ballon de baudruche, celui qui reçoit le ballon doit répéter et épeler  le mot que je donne (ou répondre à une question) pour avoir le droit de relancer le ballon. L'élève qui a le ballon quand le minuteur sonne est éliminé. 

     

    Bref ça bouge alors ça plaît aux élèves.

     

    D) L'évaluation

     Je donne une liste de mot du mur et les élèves doivent écrire une phrase.

    Ou alors je donne des phrases à trou qu'ils doivent compléter sans avoir accès au mur...

     

    __________________________________

    Voili voilou, je me bats contre l'inculture de mes élèves et tente de leur donner des mots.

     

     

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