• Je vous parlais dans mon article précédent de vocabulaire. Eh bien à l'instar du vocabulaire, mes élèves ont un niveau de compréhension de lecture catastrophique. (Avouez, ça vous étonne hein?)

    J'ai dégagé plusieurs axes de travail :

    - le comportement de l'élève face au texte,

    - l'automatisation du décodage,

    - l'enrichissement du vocabulaire et de la culture,

    - l'amélioration de la syntaxe, 

    - les images mentales.

     

    1-Le comportement de l'élève face au texte

    Sur ce point, je vous conseille ce livre : 

    Compréhension de lecture

    On pense souvent naïvement que quand on leur demande de lire un texte, les élèves prennent le texte et le lisent du début à la fin en se concentrant pour y comprendre quelque chose. Eh bien cette idée est bien naïve.

    Exemple flagrant du problème de comportement mes élèves face au texte : 

     

    Question : Comment s'appelle l'ami de Sherlock Holmes ?

    réponse attendue : C'est le docteur Watson. (c’est écrit dans le texte.)

    réponses des élèves : C'est Jabez Wilson, Albert, balbutia, Baker Street...

    Une bonne moitié du groupe classe écrit ce genre de réponses, ce qui donne l'impression qu'ils répondent au hasard. Pourtant beaucoup de ces élèves décodent correctement, ils ont une fluence dans la norme attendue pour leur âge (test ROC). Quand on leur lit le texte, ils répondent correctement. Le souci vient de leur manière de lire silencieusement : ils ne lisent pas le texte d'un bout à l'autre, ils balayent le texte du regard, repèrent des mots connus, regardent l'image. A partir de ces mots reconnus en un coup d'oeil (indices) et de l'image, ils extrapolent le sens du texte (intuition du sens, parfois très loin du sens réel du texte). Ensuite ils lisent les questions, balaient le texte du regard à la recherche d’un mot qui pourrait correspondre et le notent en guise de réponse.

    Si on reprend l’exemple précédent :

    Jabez Wilson est le premier nom donné dans le texte après celui de Sherlock Holmes.

    Albert est un prénom, mais est dans le texte «Albert» est utilisé dans le mot composé « Chaîne-Albert » qui désigne la chaîne d’une montre de gousset.

    Balbutia est tiré de la phrase : « Mon ami balbutia une excuse. » L’élève a repéré les mots « mon ami » et a noté le mot se trouvant à côté.

     

    Baker Street est un nom propre repéré grâce à ses majuscules.

     

    Ils font très exactement ce qu'on leur a appris en CP : au CP, le maître écrit au tableau un texte indécodable par les élèves et leur demande de le regarder, de repérer des mots connus, ce qu'ils arrivent à "lire", et de là ils doivent proposer un sens au texte... 

     

    La moitié de mes CM2 lit comme ça! cry

     

    Que fais-je dans ma classe ? 

    Pour tenter de remédier à cette lecture-survol, mes élèves doivent obligatoirement lire à haute voix (utilisation de Chuchoteurs pour limiter le bouhaha en classe, article sur le chuchoteur) avec travail sur l’écoute de sa propre lecture. (On repère vite ceux qui ne lisent pas.) S'écouter lire améliore grandement les performances de lecteur.

    Je ne donne jamais les questions avant ou en même temps que le texte, toujours après, parfois les élèves n'ont plus le texte pour répondre. 

    Je ne donne plus de questions dont la réponse est un mot du texte, que de l'implicite ou de la reformulation, à force ils savent que chercher un mot et le copier est inutile et qu'il faut chercher dans sa tête et réfléchir.

    Je travaille sur les images mentales.

     

     

    2-Le décodage

    Un quart de mes élèves décode mal, bute sur les sons complexes, sur les mots autres que courants, leur lecture est saccadée, lente, laborieuse. Bref le décodage n'est pas automatisé.

    D'autres décodent correctement, mais ce n'est pas fluide, cela leur demande encore pas mal d'effort, ce qui les empêche de vraiment s'intéresser au sens précis.

    Du coup, normal qu'ils préfèrent éviter de lire tous les mots et se contentent de balayer le texte à la recherche des mots qu'ils reconnaissent.

    Que fais-je dans ma classe ?  

    - Je travaille certaines correspondances phonie/graphie,

    - Je travaille la fluence (mais gare aux élèves mitraillettes). J'utilise : 

    Compréhension de lecture

    - Je leur fais lire à haute voix tous les jours 5 à 10 pages de roman (plus des extraits de textes pour l'étude de genre de texte, des textes de sciences, d'histoire, de géo, de...). Depuis septembre mes élèves ont ainsi lu : Fifi Brindacier, Le Magicien d'Oz, Oedipe Schlak Schlak, Alice au Pays des Merveilles, Joker, L'oeil du Loup, des fables de La fontaine, Deux enquêtes de Sherlock Holmes, Tistou les pouces verts...

    (Toutes ces lectures sont décortiquées, expliquées, étudiées... qu'on ne pense pas que je fais juste vocaliser des textes.)

     

    3-Le vocabulaire et la culture

    Pour mon travail de vocabulaire, c'est .

    Pour la culture, ben, déjà lire des textes riches, qui ouvrent pas mal de discussion, et provoquent un apport culturel non négligeable.

    Tous les jours, grâce à un calendrier d'histoire de l'art mondial, on voyage dans le temps et dans le monde...

    Les élèves font des exposés, présentent objets, plantes, instruments... qu'ils apportent en classe.

     

    4- La syntaxe

    Pour comprendre un texte, il est nécessaire d'avoir une bonne maîtrise de la langue, et cette maîtrise c'est l'étude la grammaire, de la conjugaison et de l'orthographe  qui l'apporte.

    Comment comprendre la phrase «Nous allâmes à Covent Garden." si on ignore que "allâmes", c'est le verbe aller au passé simple? (Cette phrase était dans une de nos lectures de la semaine dernière.)

    Etude de la conjugaison, la valeur des temps, des modes, la relation du verbe avec le reste de la phrase...

    Etude de la grammaire, du rôle des mots, de leur nature, de leur fonctions, de leur relation... 

    Etude de l'orthographe, car un ver n'est pas un verre...

     

    Que fais-je dans ma classe ? 

    - 45 min à 1h de de grammaire ou de conjugaison tous les jours, avec beaucoup d'exercices d'entraînement, de transformations/transpositions de phrases et de textes, d'analyses, avec révisions quotidiennes et une bonne dose de par-coeur (car je n'ai pas trouvé de manière plus efficace pour qu'ils sachent leurs conjugaisons.)

    - 1 h d'orthographe par semaine, avec travail d'autocorrection quotidien.

    - Faire beaucoup écrire (je donne très peu de photocopies)

    J'utilise cette méthode:

    Compréhension de lecture

    5- Les images mentales

    Lire, c'est créer une image mentale de ce que contient le texte, c'est créer un petit film dans sa tête à partir de ce qui explicite dans le texte, mais aussi de ce qui est implicite. Cela demande un effort important à beaucoup d'élèves alors ils ne tentent pas d'imaginer et de former une image.

    C'est un gros travail d'entraînement, d'abord à partir de phrases, puis de paragraphes de plus en plus longs, puis en associant plusieurs paragraphes... 

    Un très bon ouvrage sur le sujet : 

    Compréhension de lecture

     

    et un livre pour travailler plus précisément l'implicite via un grand nombre de courts textes triés par type d'implicite (action, lieu, personnage...)

    Compréhension de lecture

    sommaire extrait 1 extrait 2

    Cependant, je préfère travailler à partir des textes lus en classe...

     

     

    Conclusion

    Bref, encore beaucoup de boulot...

     

     

     

     

     

     

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